Je dis plus : c’est que cet état2, si l’on est enfin assez heureux pour s’y ingérer, bien loin de mettre des bornes à l’ambition et d’en éteindre le feu, ne sert au contraire qu’à la piquer davantage et qu’à l’allumer ; que d’un degré on tend bientôt à un autre, tellement qu’il n’y a rien où l’on ne se porte, ni rien où l’on se fixe ; rien que l’on ne veuille avoir, ni rien dont on jouisse ; que ce n’est qu’une perpétuelle succession de vues, de désirs, d’entreprises, et, par une suite nécessaire, qu’un perpétuel tourment.
L’affection vive et tendre pour le prince y règne et le remplit d’un bout à l’autre. […] Il vous dira que toute la force de la parole ne doit tendre qu’à mouvoir les ressorts cachés que la nature a mis dans le cœur des hommes. […] Si la volonté tend à s’unir à l’objet qui lui est présenté, c’est l’amour ; si elle veut s’en éloigner, c’est la haine. […] Mais cette éloquence ne tendait qu’à persuader et à émouvoir les passions : le bel esprit n’y était d’aucun usage. […] » Des plaintes si tendres ne dérogeaient-elles pas à la noble fermeté du caractère de Milon ?