. — Dans les mots composés, la lettre j placée en tête du second mot ne change pas la quantité de la voyelle qui précède.
« Vous verrez, dans une seule vie, toutes les extrémités des choses humaines ; la félicité sans bornes, aussi bien que les misères ; une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’univers ; tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur, accumulé sur une tête, qui, ensuite, est exposée à tous les outrages de la fortune ; la bonne cause d’abord suivie de bons succès, et depuis, des retours soudains ; des changements inouïs, la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse ; nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus ; l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté ; une reine fugitive, qui ne trouve aucune retraite en trois royaumes, et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil ; neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes ; l’océan étonné de se voir traversé tant de fois, en des appareils si divers et pour des causes si différentes ; un trône indignement renversé, et miraculeusement rétabli. […] Voltaire, imitant cette pensée dans l’invocation de sa Henriade, dit à la Vérité : Viens, parle ; et s’il est vrai que la fable autrefois Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix ; Si sa main délicate orna ta tête altière ; Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi, sur tes pas, permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits, et non pour les cacher. […] Que de têtes augustes frappées ! […] Or, ce zèle, vous trouverez absolument qu’il ne se démentit jamais en moi ; jugez-en par les actions ; ni lorsqu’on demandait ma tête, ni lorsqu’on me traduisait au tribunal des Amphictyons83, ni lorsqu’on s’efforçait de m’ébranler par des menaces, ni lorsqu’on tentait de m’amorcer par des promesses, ni lorsqu’on lâchait sur moi ces hommes maudits comme autant de bêtes féroces ; jamais en aucune façon je ne me suis départi de mon zèle pour vous. […] Quant à nous, détournez au plutôt de dessus nos têtes les malheurs qui nous menacent, et accordez-nous une pleine sûreté ».