Quoiqu’on doive s’assujettir à la chronologie, on peut néanmoins, on doit même, en bien des circonstances, s’en écarter, pour suivre un ordre que proscrit la raison. […] Pour bien faire l’histoire complète d’une nation, il faut remonter jusqu’à son origine, marquer ses progrès et son accroissement ; démêler tous les ressorts de sa politique ; donner une notion juste de son caractère, de son génie, de sa religion, de ses lois, de ses richesses, de son gouvernement ; exposer tous les grands changements qu’elle a éprouvés et les divers états par lesquels elle a passé ; développer les véritables causes de sa décadence ou de son élévation, et la suivre pas à pas jusqu’à sa ruine totale, ou jusqu’au dernier période de sa grandeur. […] Il faut ensuite qu’il présente le germe de l’événement qu’il se propose de raconter ; qu’il le suive dans ses circonstances et dans ses progrès, et le conduise jusqu’à sa fin. […] Le titre de cet ouvrage dit assez que ce n’est point une histoire complète et rigoureusement suivie, où tous les événements soient racontés en détail.
Ce n’est donc plus en Grèce que nous suivrons son développement ; c’est à Rome que nous la verrons naître et fleurir, mais dans des conditions toutes nouvelles. […] Suivez les annales de Rome depuis sa naissance jusqu’aux temps malheureux de l’empire, vous verrez partout le drame mêlé à l’histoire. […] Le peuple suit au temple l’illustre aristocrate, et, en le dispensant de rendre ses comptes, semble le mettre au-dessus des lois.