On n’entre point dans ses temples, bien préparé, sans en sortir asservi. […] Dites-lui de remplir son sort et d’agir selon son instinct. […] Ce qui honore ceux qui ne sont plus, c’est une douleur modérée, à qui sa modération même permet d’être aussi durable que la vie de celui qui l’éprouve, parce qu’elle ne fatigue ni son âme, ni son corps ; une douleur haute, qui permet aux occupations et même aux délassements de la vie, de passer, en quelque sorte, sous elle ; une douleur calme, qui ne nous met en guerre ni avec le sort, ni avec le monde, ni avec nous-mêmes, et qui pénètre une âme en paix, dans les moments de son loisir, sans interrompre son commerce avec les vivants et avec les morts. […] Je tremble, quand je songe avec quelle facilité votre successeur, quel qu’il soit (car vous aurez un successeur, et bientôt peut-être), améliorera le sort des hommes qui vous avaient été confiés, et leur fera trouver son administration plus protectrice, plus prévoyante, plus soigneuse d’eux-mêmes et plus humaine que la vôtre. » 2.
Quand le plomb l’atteignit tout sautillant et vif, De son gosier saignant un petit cri plaintif Sortit, quelque duvet vola de sa poitrine ; Puis, fermant ses yeux clairs, quittant la branche fine, Dans les joncs et les buis de son meurtre souillés, Lui, si content de vivre, il mourut à mes pieds5 ! […] Comparez cette page de Xavier de Maistre pleurant la mort d’un ami : « La nature, indifférente de même au sort des individus, remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose ; les arbres se couvrent de feuilles, et entre acent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs : tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort ; et, le soir, tandis que a lune brille dans le ciel, et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre gaiement son chant infatigable, caché dans l’herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami. […] En changeant de destin aux mains de l’industrie, Le Fer, du monde entier changea l’antique sort : Il féconda la terre, et fit fleurir la vie Où jadis il semait la mort.