En lisant cette fantaisie, on songe à La Fontaine ; mais le fabuliste n’a pas l’humeur aussi noire que le moraliste.
Il est permis de dire seulement que si une fois on y a donné quelque attention, l’esprit, exercé déjà par ces méthodes artificielles, saura en profiter dans l’occasion, même à son insu : on les met alors en pratique sans y songer. […] Songez-vous au bonheur qui les a signalés ? […] Andromaque, dans Racine, pour rendre Pyrrhus odieux, rappelle les fureurs qu’il avait exercées au siège de Troie : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et, de sang tout couvert, échauffant le carnage ; Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants ; Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue : Voilà comme Pyrrhus vint s’offrir à ma vue. […] L’historien et l’orateur narrent l’un et l’autre ; mais le premier, uniquement occupé du vrai, ne songe qu’à exposer la chose telle qu’elle est ; l’autre, tout en respectant la vérité, n’oublie pas ce que demande sa cause. […] Ne songe plus à ton époux, songe à ton devoir.