Il y a des translations de mots qui ne présentent leur nouvel objet que tel qu’il est en lui-même, par exemple, la clef d’une voûte, le pied d’une montagne ; au lieu que l’expression qui fait image peint avec les couleurs de son premier objet l’idée nouvelle à laquelle on l’attache, comme dans cette sentence d’Iphicrate : Une armée de cerfs conduite par un lion est plus à craindre qu’une armée de lions conduite par un cerf , et dans cette réponse d’Agésilas, à qui l’on demandait pourquoi Lacédémone n’avait point de murailles : Voilà , dit-il en montrant ses soldats, les murailles de Lacédémone. […] Nous trouvons des exemples de cette figure dans le discours de Burrhus à Agrippine, et dans le Pro Ligario : Je ne m’étais chargé, dans cette occasion, Que d’excuser César d’une seule action ; Mais puisque, sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, Madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité : Vous m’avez de César confié la jeunesse, Je l’avoue, et je dois m’en souvenir sans cesse. […] Telle est l’incertitude de Germanicus dans la harangue qu’il adresse à ses soldats révoltés : Quod nomen huic cœtui dabo ? […] Germanicus, haranguant dans Tacite ses soldats révoltés, leur reproche leurs attentats : Hostium quoque jus et sacra legationis et fas gentium rupistis.
Bientôt le prince calme ses soldats, et, après avoir pardonné aux vaincus, il rend grâces à Dieu de la victoire qu’il vient de remporter. […] C’est en vain qu’à travers les bois, avec sa cavalerie toute fraîche, Beck précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés ; le prince l’a prévenu ; les bataillons enfoncés demandent quartier : mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d’Enghien que le combat. […] Tout ce qu’avait fait le duc d’Enghien paraît détruit ; l’Espagnol va ressaisir la victoire ; nous craignons pour nos soldats : Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants ; trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines. […] Ainsi le combat recommence ; et, au moment où tout paraissait fini, nous voilà encore entre la crainte et l’espérance : On ne voit plus que carnage, le sang enivre le soldat. […] — Le sang enivre le soldat.