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22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Le peuple était monté jusque sur les toits, pour assister à ce jugement : Pompée lui-même y parut, environné d’une garde publique, et après avoir fait placer des soldats autour du tribunal et en divers endroits du Forum. […] Malgré toutes ces précautions, Cicéron fut réellement troublé, à l’aspect des soldats qui remplissaient le Forum, parce qu’il vit, dans cette mesure, l’intention bien prononcée de Pompée, et qu’il craignit dès lors que son discours ne blessât le consul, sans sauver son ami. […] Ces soldats placés devant tous les temples, quoique destinés à prévenir la violence, ne laissent pas d’effrayer l’orateur ; et quoique leur présence soit utile, nécessaire même à la sûreté commune, elle inspire je ne sais quelle terreur, dont il est impossible de se défendre entièrement ». […] Il est trop juste pour abandonner au fer des soldats un accusé remis à la décision des tribunaux, et trop sage pour armer de l’autorité publique l’audace d’une multitude effrénée ».

23. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Je ne m’étais chargé dans cette occasion Que d’excuser César d’une seule action ; Mais puisque, sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité. […] Tout l’empire n’est plus la dépouille d’un maître : Le peuple au champ de Mars nomme ses magistrats ; César nomme les chefs sur la foi des soldats ; Thraséas au sénat, Corbulon dans l’armée, Sont encore innocents, malgré leur renommée ; Les déserts, autrefois peuplés de sénateurs, Ne sont plus habités que par leurs délateurs. […] Recueilli dans leur port, accru de leurs soldats, Nous verrons notre camp grossir à chaque pas. […] Votre fille me plut, je prétendis lui plaire ; Elle est de mes sermens seule dépositaire Content de son hymen, vaisseaux, armes, soldats, Ma foi lui promit tout, et rien à Ménélas. […] Il semble que l’isolement aurait paru trop hardi au poète, si le vers avait été brisé comme ci-dessous : Je répondrai, madame, avec la liberté D’un soldat : je sais mal farder la vérité.

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