Les assemblées ne sont plus que des censures publiques : la vertu la plus entière n’est plus à couvert de la contradiction des langues ; les jeux sont devenus des trafics, ou des fraudes, ou des fureurs ; les repas, ces liens innocents de la société, des excès dont on n’oserait parler ; les plaisirs publics, des écoles de lubricité : notre siècle voit des horreurs que nos pères ne connaissaient même pas. […] L’orateur commandera l’attention, s’il fait envisager l’affaire dont il parle comme importante et capable d’intéresser la société ; si la manière dont il débute donne une bonne opinion de son talent et de ses lumières ; si enfin il est court et précis : car rien ne déplaît tant à l’auditeur que la perspective d’une longue discussion.
Alors chaque membre du sénat en particulier commença à me faire connaître, autant que cela était possible dans une exposition verbale, toutes les fureurs dont je vous ai déjà parlé ; qu’il avait pillé leur ville, dépouillé leurs temples ; que de l’héritage d’Héraclius qu’il avait accordé pour l’entretien des athlètes, il s’en était approprié la plus grande partie ; mais qu’il ne fallait point exiger d’attachement pour les athlètes de la part d’un homme qui avait enlevé le dieu à qui nous devons la découverte de l’olivier ; que sa statue n’avait été érigée ni par autorité publique ni aux frais de la ville ; que c’était l’ouvrage de ceux qui étaient entrés en société avec lui pour piller cet héritage ; que ces mêmes hommes, députés à Rome, étaient les ministres de sa méchanceté, les associés de ses rapines, les complices de ses crimes : qu’ainsi je ne devais pas être surpris s’ils n’avaient point agi d’intelligence avec les autres envoyés pour le bien commun de la Sicile. […] Une société de cette nature l’aurait contraint à imiter les mœurs de son père, quand même la nature lui aurait accordé les inclinations les plus sages.