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24. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

… Le chagrin monte en croupe et galope avec lui… Les vainqueurs ont parlé, l’esclavage en silence Obéit à leur voix, dans cette ville immense… Subjectifications : Quand vos bras combattront pour son temple attaqué, Par vos larmes du moins il peut être invoqué… Le silence de Phèdre épargne le coupable… Eh bien ! […] de ne recommander l’honnêteté du langage que par le silence : Ego romani pudoris more contentus verecundiam silentio vindicabo.

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

» Rentrer seul, dans la cour se glisser en silence, Sans qu’au-devant du vôtre un pas connu s’avance, Sans que de tant d’échos qui parlaient autrefois Un seul, un seul au moins tressaille à votre voix ; Sans que le sentiment amer qui vous inonde Déborde hors de vous dans un seul être au monde, Excepté dans le cœur du vieux chien du foyer, Que le bruit de vos pas errants fait aboyer ! […] mon pauvre Fido, quand, tes yeux sur les miens, Le silence comprend nos muets entretiens ; Quand, au bord de mon lit épiant si je veille, Un seul souffle inégal de mon sein te réveille ; Que, lisant ma tristesse en mes yeux obscurcis, Dans les plis de mon front tu cherches mes soucis, Et que, pour la distraire attirant ma pensée, Tu mords plus tendrement ma main vers toi baissée ; Que, comme un clair miroir, ma joie ou mon chagrin Rend ton œil fraternel inquiet ou serein, Révèle en toi le cœur avec tant d’évidence, Et que l’amour dépasse encor l’intelligence ; Non, tu n’es pas du cœur la vaine illusion, Du sentiment humain une dérision, Un corps organisé qu’anime une caresse, Automate trompeur de vie et de tendresse2 ! […] De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s’éloigner pour se mêler aux sociétés bruyantes du voisinage ; il ne doit que dans quelques occasions solennelles tremper ses lèvres avec les heureux du siècle dans la coupe d’une hospitalité somptueuse ; le reste de sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans les études sérieuses, parmi les livres, société morte du solitaire ; le soir, quand le marguillier a pris les clefs de l’église, quand l’Angelus a tinté dans le clocher du hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit sous les pommiers de son verger, soit dans les sentiers élevés de la montagne, respirer l’air suave et religieux des champs et le repos acheté du jour, tantôt s’arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l’horizon de la vallée, et redescendre à pas lents dans la simple et délicieuse contemplation de la nature et de son auteur.

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