/ 314
75. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Mais la jeunesse qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et qui la conduit5. […] Ils se sentent eux-mêmes quelquefois pressés, et se plaignent de cette contrainte ; mais, chrétiens, ne les croyez pas : ils se moquent, ils ne savent ce qu’ils veulent. […] Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? […] Sans remonter bien loin dans l’histoire des siècles passés, le nôtre a vu Henri IV, votre aïeul, qui, par sa bonté ingénieuse et persévérante à chercher les remèdes des maux de l’État, avait trouvé le moyen de rendre les peuples heureux, et de leur faire sentir et avouer leur bonheur.

76. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

On a justement reproché à Fléchier : « Il condamna à un supplice rigoureux et à un silence éternel ;… » et à Bossuet : « Il ne dédaigna pas de juger ce qu’il a créé, et encore… » Evitez aussi ce qu’on nomme le bâillement, c’est-à-dire la rencontre d’une consonne finale avec une voyelle initiale sur laquelle elle ne doit pas se faire sentir : Je vous fermais le champ où vous voulez courir… Pourquoi d’un an entier l’avons-nous différée… ? […] Que les professeurs et les hommes de goût me pardonnent d’avoir essayé de formuler ce qu’ils sentent aussi bien que moi. […] Voici, par exemple, l’Iphigénie de Racine et celle de Rotrou. — Si vous êties à ma place, dit Agamemnon à Ulysse, vous sentiriez tout ce que je sens.  […] Lisez tous les ouvrages du réverend père Maimbourg, ci-devant jésuite, prenez garde de ne vous arrêter qu’à la fin de chaque période, et vous sentirez la faculté de respirer vous revenir peu à peu, sans qu’il soit besoin de réitérer le remède. » Montesquieu, Lettres persanes, 148.

/ 314