Mais la jeunesse qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et qui la conduit5. […] Ils se sentent eux-mêmes quelquefois pressés, et se plaignent de cette contrainte ; mais, chrétiens, ne les croyez pas : ils se moquent, ils ne savent ce qu’ils veulent. […] Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? […] Sans remonter bien loin dans l’histoire des siècles passés, le nôtre a vu Henri IV, votre aïeul, qui, par sa bonté ingénieuse et persévérante à chercher les remèdes des maux de l’État, avait trouvé le moyen de rendre les peuples heureux, et de leur faire sentir et avouer leur bonheur.
On a justement reproché à Fléchier : « Il condamna à un supplice rigoureux et à un silence éternel ;… » et à Bossuet : « Il ne dédaigna pas de juger ce qu’il a créé, et encore… » Evitez aussi ce qu’on nomme le bâillement, c’est-à-dire la rencontre d’une consonne finale avec une voyelle initiale sur laquelle elle ne doit pas se faire sentir : Je vous fermais le champ où vous voulez courir… Pourquoi d’un an entier l’avons-nous différée… ? […] Que les professeurs et les hommes de goût me pardonnent d’avoir essayé de formuler ce qu’ils sentent aussi bien que moi. […] Voici, par exemple, l’Iphigénie de Racine et celle de Rotrou. — Si vous êties à ma place, dit Agamemnon à Ulysse, vous sentiriez tout ce que je sens. […] Lisez tous les ouvrages du réverend père Maimbourg, ci-devant jésuite, prenez garde de ne vous arrêter qu’à la fin de chaque période, et vous sentirez la faculté de respirer vous revenir peu à peu, sans qu’il soit besoin de réitérer le remède. » Montesquieu, Lettres persanes, 148.