Je n’ai point la force de lever les yeux assez haut pour trouver le lieu d’où doit venir le secours ; je ne puis encore tourner mes regards autour de moi ; je n’y vois plus cette personne qui m’a comblée de biens, qui n’a eu d’attention qu’à me donner tous les jours de nouvelles marques de son tendre attachement. […] Ici tombe un héros moissonné dans sa fleur, Superbe et l’œil brillant d’orgueil et de valeur ; Sur son casque ondulant, d’où jaillit la lumière, Flotte d’un noir coursier l’ondoyante crinière : Ce casque éblouissant sert de but au trépas ; Par la foudre frappé d’un coup qu’il ne sent pas, Comme un faisceau d’acier il tombe sur l’arène ; Son coursier bondissant, qui sent flotter la rêne, Lance un regard oblique à son maître expirant, Revient, penche sa tête et le flaire en pleurant. Là, tombe un vieux guerrier, qui, né dans les alarmes, Eut les camps pour patrie, et pour amour ses armes : Il ne regrette rien que ses chers étendards, Et les suit en mourant de ses derniers regards. […] Tout à coup le soleil dissipant le nuage, Éclaire avec horreur la scène du carnage ; Et son pâle rayon, sur la terre glissant, Découvre à nos regards de longs ruisseaux de sang, Des coursiers et des chars brisés dans la carrière, Des membres mutilés épars sur la poussière, Les débris confondus des armes et des corps, Et les drapeaux jetés sur des monceaux de morts. […] Et que des pleurs de joie, à nos derniers adieux, À ton dernier regard, brilleront dans mes yeux.
Elle s’annonce tellement dans ses regards, dans son maintien, dans ses paroles et ses moindres actions, qu’en l’approchant, on est pénétré de respect et de crainte. […] Les Déserts de l’Arabie Pétrée Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que îles ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés ; un désert entièrement découvert où le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que relie des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes : il voit partout l’espace comme son tombeau ; la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de la situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autours de lui rabane de l’immensité qui le sépare de la terre habitée ; immensité qu’il tenterait en vain de parcourir : car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Si j’en crois mes regards indécis, C’est la barque d’Hermès ou la conque d’Isis Que pousse une brise légère. […] Tel un monarque, assis sur un trône éclatant de rubis et d’opales, annonce, par un coup d’œil, qu’il daigne se manifester aux regards de ses peuples ; la foule des courtisans se précipite, et tous se prosternent à ses pieds. […] On peut en juger par les exemples suivants : Aussitôt qu’il (le duc d’Enghien) eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier les Français à demi vaincus, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups.