De lui ont reçu leur initiation tous ceux de notre époque que la postérité proclamera les plus dignes du nom de poëtes. […] O France trop heureuse, Si tu voyais tes biens3, si tu profitais mieux Des dons que tu reçus de la bonté des cieux ! […] Moins célèbre de son temps que son frère Marie-Joseph, l’auteur de Fénelon et de Tibère, André, bien plus poëte que lui cependant, a laissé, entre autres travaux, un morceau inachevé sur l’Invention, où ses idées sur les réformes que pouvait recevoir notre poésie sont consignées.
Pendant que la main trace les caractères de l’écriture, l’esprit continue à travailler ; les idées naissent, c’est l’instant de les saisir au vol et de les clouer, pour ainsi dire, sur le papier prêt à les recevoir, par un mot ou un signe quelconque. […] Quand vous prendrez votre sujet dans l’histoire, dans la tradition, dans la mythologie, respectez les idées reçues. […] C’est : 1° la disposition de l’esprit à recevoir telle impression plutôt que telle autre : car la douleur, la joie et tous les sentiments ont des mobiles différents ; 2° l’âge de celui qui écoute. […] 2° Considéré dans l’orateur, le pathétique prend ses sources dans une imagination vive et frappée elle-même des grands objets qu’elle veut représenter ; dans la sensibilité naturelle à recevoir les impressions que les passions font sur l’âme, dans un grand discernement à placer les mouvements pathétiques convenablement, c’est-à-dire, dans les sujets qui les comportent.