Dans sa phrase solide et pleine, dont la contexture rappelle la période latine, la pensée marche d’un mouvement serré et continu. […] Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt ; si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont pas à nous, et ne pensons pas au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont point, et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste.
Pour ne point se faire illusion, ils se rappelleront que l’exorde est mauvais s’il ne concilie à l’orateur ni l’attention, ni la bienveillance de l’auditoire, et plus mauvais encore s’il l’indispose contre lui. […] Pour bien prononcer un discours, il faut que la mémoire rappelle à l’orateur les pensées et les sentiments qu’il veut exprimer ; que par la voix ou la prononciation il les fasse comprendre et sentir à ses auditeurs ; et enfin, que le geste anime sa parole et complète l’effet qu’il veut produire. […] Une bonne mémoire doit avoir deux vertus : recevoir promptement et sans peine les choses qu’on lui confie, les retenir fidèlement pour nous les rappeler dans l’occasion. […] Laurentie, dérive d’un antique usage de l’Église qui ne voyait jamais mourir un serviteur de Dieu sans venir auprès de sa tombe rappeler ses exemples et encourager les fidèles à l’imiter. […] Il leur rappelle ce qu’ils ont vaincu, ce qu’ils ont fait, ce qu’on dira d’eux.