On y exige, par la même raison, que l’action soit une, et qu’elle se passe tout entière en un même jour, en un même lieu. […] L’autre n’est qu’accidentelle, et alors, tout monologue doit être court ; la raison en est qu’il est presque hors de la nature. […] Ce sont les paroles mêmes de Voltaire dont je vais me servir : « Créer un sujet, inventer un nœud et un dénouement ; donner à chaque personnage son caractère et le soutenir ; faire en sorte qu’aucun d’eux ne paraisse et ne sorte sans une raison sentie de tous les spectateurs ; ne laisser jamais le théâtre vide ; faire dire à chacun ce qu’il doit dire, avec noblesse sans enflure, avec simplicité sans bassesse ; faire de beaux vers qui ne sentent point le poète et tels que le personnage aurait dû en faire s’il parlait en vers : c’est là une partie des devoirs que tout auteur d’une tragédie doit remplir. […] Le ridicule est encore chargé quand on fait contraster les travers entre eux, ou avec la raison droite et la décence, lorsqu’on fait figurer un jeune homme prodigue à côté d’un père avare ; lorsque, sur la même scène, on voit un homme sensé et un joueur de trictrac qui vient lui tenir des propos impertinents ; une femme ménagère, à côté d’une savante ; un homme poli et humain à côté d’un misanthrope.
Touché par la beauté morale, il défendit les croyances éternelles du genre humain, il eut le cœur religieux, et fut excellent lorsqu’il eut raison avec tout le monde. […] La nécessité de mourir n’est à l’homme sage qu’une raison pour supporter les peines de la vie. […] instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature ; sans toi, je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilége de m’égarer d’erreurs en erreurs, à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principes2. […] Nous lisons ailleurs : « La vie est courte ; c’est donc une raison d’en user jusqu’au bout, et de dispenser avec art sa durée, afin d’en tirer le meilleur parti qu’il est possible.