« Quand, dans un discours, dit avec raison Pascal, on trouve des mots répétés, et qu’essayant de les corriger, on les trouve si propres, qu’on gâterait le discours, il faut les laisser ; c’en est la marque, et c’est la part de l’envie qui est aveugle, et qui ne sait pas que cette répétition n’est pas faute en cet endroit : car il n’y a point de règle générale. » Au lieu de répéter le mot, souvent on répète l’idée, en accumulant soit des idées semblables, ce que les rhéteurs appellent expolition, soit les divers signes qui expriment la même idée, ce qu’ils nomment synonymie ou métabole. […] C’est l’homme qui répond au serpent : … Tes raisons sont frivoles. […] Est-ce à elle qu’il faut rapporter ces locutions toutes raciniennes : … Éphèse et l’Iouie A son heureux hymen était alors unie… Ce héros qu’armera l’amour et la raison… Quelles sauvages mœurs, quelle haine endurcie Pourrait en vous voyant n’être point adoucie ? […] « Et cela est fondé en raison, dit Vaugelas, parce que, lorsque nous voulons bien assurer et affirmer une chose, il ne suffit pas de dire simplement, je l’ai vu, je l’ai oui, puisque bien souvent il nous semble avoir vu et oui des choses que, si l’on nous pressait d’en dire la vérité, nous n’oserions assurer.
Et qui, voyant un fat s’applaudir d’un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page, Ne s’écrie aussitôt : L’impertinent auteur ! […] Elle seule, bravant l’orgueil et l’injustice, Va jusque sous le dais faire pâlier le vice, Et souvent sans rien craindre, à l’aide d’un bon mot, Va venger la raison des attentas d’un sot. […] Excellentes métaphore, suivie avec une justesse parfaite : personne, on le remarquera à cette occasion, n’a mieux su que Boileau faire usage du style figuré et mettre d’accord, dans son langage, l’imagination avec la raison. […] On a regretté, non sans quelque raison, que Boileau ait été le Zoïle de Quinault : ce dernier poëte, qui a laissé de beaux vers, n’a pas en effet de supérieur dans le genre de l’opéra, où il s’est principalement exercé, et Voltaire a pu dire justement de lui : « C’est un des beaux génies qui ont fait honneur au siècle de Louis XIV. » — Toutefois ou ajoutera, pour excuser Boileau, qu’à l’époque où cette satire fut composée, Quinault n’avait pas encore fait paraître les ouvrages auxquels il a dû sa plus grande réputation.