Tout le monde n’est pas roi ou ministre pour avoir besoin des enseignements de l’histoire ; mais il n’est personne qui ne prenne intérêt au jeu des passions, aux portraits de ces grands caractères qui dominent des peuples entiers, à ces alternatives de gloire et d’abaissement que, de près, on nomme la fortune, mais qui, vues de loin et d’ensemble, deviennent la révélation des terribles et mystérieuses lois de l’humanité1.
Au moyen du questionnaire suivant, applicable à toute œuvre littéraire, narration, portrait, parallèle, discours, tragédie, comédie, etc., l’élève peut faire oralement ou par écrit l’analyse dont d’abord il lui a été donné connaissance. […] Viendront ensuite quelques portraits d’hommes célèbres et d’une biographie connue, des parallèles, soit entre de grands hommes d’un caractère différent dont ou leur aura appris l’histoire ; soit entre différentes professions, tel que celui établi par Cicéron dans pro Murena, entre l’art militaire et la jurisprudence, ou bien celui que le même orateur établit dans pro Marcello, entre les vertus guerrières de César et sa clémence. […] Si sa vie avait moins d’éclat, je m’arrêterais sur la grandeur et la noblesse de sa maison ; et si son portrait était moins beau., je produirais ici ceux de ses ancêtres. […] Il ne faut pas permettre à l’homme de se mépriser tout entier, de peur que croyant avec les impies que notre vie est un jeu où règne le hasard, il marche sans règle et sans conduite au gré de son aveugle désir, etc. » Fléchier, après avoir loué la naissance de M. de Turenne, rétracte cet éloge par la correction : « Si sa vie avait moins d’éclat, je m’arrêterais sur la grandeur et la noblesse de sa maison ; et si son portrait était moins beau, je produirais ici ceux de ses ancêtres. […] Fléchier s’est servi de cette figuré, lorsqu’il a dit comme un poète : « Des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous les habitants. » Virgile dépeint ainsi la légèreté à la course de l’amazone Camille : « La jeune vierge s’est exercée à supporter les rudes travaux de la guerre, et à devancer à la course les vents : elle eût volé sur les moissons dorées sans courber les épis sous ses pas, ou, suspendue sur la cime des vagues, elle eût rasé les mers sans mouiller ses pieds rapides. » Quelques-uns regardent comme figure la périphrase où circonlocution : elle consiste à substituer des tours et des expressions plus douces ou plus nobles à celles qui auraient quelque chose ou de trop dur ou de trop commun : « Une partie des esclaves fut massacrée ; les autres, voyant que l’on combattait autour de la voiture et qu’on les empêchait de secourir leur maître, entendant Clodius lui-même s’écrier que Milon était tué, firent alors, je le dirai, non pour éluder l’accusation, mais pour énoncer le fait tel qu’il s’est passé, sans que leur maître le commandât, sans qu’il le sût, sans qu’il le vît, ce que chacun aurait voulu que ses esclaves fissent en pareille circonstance. » Descriptions et Portraits.