S’il fallait porter le deuil des royaumes qui passent, et des pouvoirs qui expirent, les peuples, depuis Nemrod, n’auraient pas eu d’autres vêtements, et nous entendrions encore, au fond de l’Orient, tinter les glas de ces grandes funérailles ; le bruit lugubre de ces premières morts nous arriverait de tombeau de roi en tombeau de roi, comme d’écho en écho ; « et pourtant, dit le Seigneur Dieu, c’est moi qui ai abattu ces chasseurs d’hommes, parce que j’ai eu pitié de la terre ». […] Dans le panégyrique de saint André, Bossuet disait : « Les empereurs et les rois abaisseront leur tête superbe pour porter le joug. […] Je me meurs d’épuisement ; mes forces sont usées, et chaque jour j’ai à porter le poids de quelque malheur et de quelque tristesse nouvelle.
Les anciens eux-mêmes ne portaient pas plus loin leur ambition ; et combien cependant leurs ressources étaient, à cet égard, plus abondantes et plus variées que les nôtres ! […] Des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte comme tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de votre néant ».