Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] Et, en effet, pensez-vous, messieurs, que cette femme vaine et ambitieuse puisse se refermer en elle-même, elle qui a non-seulement en sa puissance, mais qui traîne sur elle, en des ornements, la subsistance d’une infinité de familles ; qui porte, dit Tertullien, en un petit fil autour de son cou des patrimoines entiers, et qui tâche d’épuiser au service d’un seul corps toutes les inventions de l’art, et toutes les richesses de la nature ? […] Comprends, ô pécheur, que tu portes ton enfer en toi-même2.
Chez eux, l’expression est d’autant plus heureusement imitative, qu’elle est plus vraie ; rien qui sente la recherche, rien qui porte l’empreinte du travail. […] Avec quelle fatigue il porte le rocher au haut de la montagne !