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45. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Porte dessus le front la honte de mal-faire, Aux yeux la gravité et la clémence au cœur, La justice ou la main, et de ton adversaire, Eust-il moindre que toy, ne sois jamais moqueur. […] Certes je croy que Dieu veut se servir de moy, Pour retirer les siens de ce mortel esmoy : L’amour passionné qu’Assuére me porte Fait revivre en mon cœur mon esperance morte : Il prise trop Esther, il en fait trop de cas, Pour causer aujourd’huy sa honte et son trespas. […] Qui le pourra treuver séparé de l’ouvrage Qui porte sur le front peinte au vif son image ? […] Car tousjours la jeunesse est la plus agreable, Qui porte sur son front une douceur aimable, Montrant par ses discours à chacun en tout lieu Qu’en son ame est emprainte une image de Dieu, Et qui, par des effects pleins d’un gentil446 courage, Fait gouster de bon fruict dès son apprentissage… Qui sçait bien à part soy dans son cœur consulter Tousjours un saint conseil Dieu lui vient apporter. […] Pourveu qu’on soit morgant555, qu’on bride sa moustache, Qu’on frise ses cheveux, qu’on porte un grand panache, Qu’on parle barragoüyn556 et qu’on suive le vent, En ce temps du jourd’huy l’on n’est que trop sçavant557…     Or, quant à ton conseil qu’à la Cour je m’engage, Je n’en ay pas l’esprit, non plus

46. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mézeray. (1610-1683.) » pp. 12-14

Sitôt que Henri se fut approché de Rouen, se saisissant des postes avantageux, et brûlant les moulins jusqu’aux portes, les bourgeois, extrêmement alarmés, témoignèrent si peu de résolution de se défendre, quoique le duc d’Aumale et Brissac, qui étaient dans la ville avec douze cents chevaux, tâchassent de les rassurer, et crièrent si fort au secours, qu’il fallut que le duc de Mayenne y vînt lui-même avec toute son armée. […] Votre Majesté ne souffrirait jamais qu’on dît qu’un cadet de la maison de Lorraine lui aurait fait perdre terre, encore moins qu’on la vît mendier à la porte d’un prince étranger.

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