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36. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

La santé, par exemple, procure le plaisir et la vie ; c’est pour cela qu’on la regarde comme le plus grand bien, étant l’élément des deux biens le plus appréciés en général, le plaisir et la vie. […] Ainsi, du moment que la qualité d’être sain est un bien préférable et supérieur au plaisir, la santé est aussi un bien plus grand que le plaisir. […] La plupart des désirs passionnés ont pour conséquence un plaisir ; car c’est tantôt le souvenir du bonheur obtenu, tantôt l’espoir du bonheur à obtenir qui nous procure le plaisir. […] Aussi y a-t-il encore plaisir dans la peine que cause son absence. […] Si bien que les peines et les plaisirs sont des signes de notre volonté.

37. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Beaumarchais 1732-1799 [Notice] Horloger, musicien, chansonnier, dramaturge, acteur comique, homme de plaisir, homme de cour, homme d’affaires, financier, manufacturier, éditeur, armateur, fournisseur, agent secret, négociateur, publiciste, tribun par occasion, plaideur éternel, Pierre Caron de Beaumarchais eut une existence aussi compliquée que l’intrigue de son Figaro. […] dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir : enclin à la raillerie, mais sans amertume, et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée2 ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage ; insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis3 1. […] Avaler le calice tout pur, sans une goutte d’eau et avec plaisir, c’est un bien qu’on ne sauroit trop estimer, c’est ce que la nature ne connoît point et ne veut point connoître : il n’y a que Dieu qui en donne le pouvoir à ceux qui sont à lui. » 2.

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