Personne n’a été plus savant en cette partie que Corneille et Molière153. […] Parmi les comédies en prose, il y en a où l’on admet le patois des diverses provinces, ou les fautes grossières que font les personnes ignorantes dans le vocabulaire ou la syntaxe. […] Mais sitôt que des philosophes et des dieux, on eut osé en venir aux magistrats mêmes, ceux-ci trouvèrent que la plaisanterie passait les bornes : ils firent une loi qui défendait de nommer les personnes. […] Ils employèrent des noms imaginaires, sous lesquels ils peignirent, d’après nature, les caractères et les mœurs de ceux qu’ils voulaient rendre ridicules ; et ils les peignirent si bien, que personne ne s’y trompait. […] Cette défense amena la comédie à peu près telle que nous la concevons aujourd’hui, faisant non plus la satire personnelle des citoyens, mais attaquant les vices généraux sans désigner personne.
Il exprime comme lui un attribut, une propriété relative à une personne ou à une chose ? […] En effet, remarquez la complication de ce seul mot amavissem, j’eusse aimé, d’abord on indique la personne qui parle, puis une action, ou un attribut de cette personne ; on désigne une affirmation relative à l’action ; on marque que l’objet de l’affirmation est passé, enfin qu’il existe une condition suspensive. […] Tout discours qui n’est approprié, ni aux circonstances, ni aux personnes à qui il est adressé, ne mérite pas d’être qualifié de beau ou d’éloquent. […] Aussi a-t-elle été souvent discréditée près de certaines personnes, soit dans les temps anciens, soit dans les temps modernes. […] Personne, à ne le pas connaître, n’aurait cru devoir redouter un concurrent si dénué des fortes armes de l’éloquence.