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105. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

En faisant ces vers, il pensait manifestement à Pope1, à Despréaux, à Horace, leur maître à tous. […] Aussi, j’y ai souvent pensé : de même qu’autour d’un vaisseau menacé d’être pris par les glaces on est occupé incessamment à briser le cercle rigide qui menace de l’emprisonner, de même chacun, à chaque instant, devrait être occupé à briser dans son esprit le moule qui est près de prendre et de se former. […] Ce n’est là rien de plus qu’un juste tribut payé à leur renommée ; en d’autres termes, c’est la modestie convenable à tout individu, de penser que son jugement inexpérimenté est sujet à se méprendre plutôt que la voix unanime du public.

106. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Il est absurde de penser que les grands orateurs soient allés frapper à la porte de chaque lieu pour construire leurs preuves. […] L’orateur cesse d’être quelque chose dès qu’il fait penser à lui. […] C’est abuser des mots que de passer du sens collectif au sens distributif, ou réciproquement, et de dire, par exemple : L’homme pense ; or, l’homme est composé de corps et d’âme : donc le corps et l’âme pensent ; car il suffit, pour attribuer en général la pensée à l’homme, qu’il pense selon l’une de ses parties ; mais il ne s’ensuit nullement qu’il pense selon l’autre, etc. […] Jamais ces deux auteurs ne sont plus différents que lorsqu’ils pensent de même. […] Il y a aussi des dialogismes par hypothèse ; ainsi : « Que pensez-vous que l’on dise, si vous portez cette sentence ?

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