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191. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Ils aiment les pensées fortes, les grands mouvements ; mais les nuances leur échappent. […] Tandis que la tribune athénienne, dominant la ville et le golfe d’Egine, ouvre au regard et à l’imagination de vastes perspectives, le forum, enfermé entre le Capitole et le mont Palatin, arrête la vue de l’orateur sur les monuments de la grandeur romaine et concentre sa pensée dans l’enceinte de la cité. […] Pour juger des effets que pouvait produire sur le théâtre de l’éloquence cette libre expansion des sentiments de la nature, éloignons un moment notre pensée des enceintes étroites où s’exerce timidement l’art moderne, devant un public restreint d’oisifs délicats, de jurés bourgeois ou campagnards, de juges interprètes scrupuleux et inflexibles de la loi. […] Il y a dans les Catilinaires d’admirables mouvements : c’est par endroits une fougue, une passion, une élévation de pensée qui rappellent les plus belles inspirations de Démosthène.

192. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

On comprend qu’il serait ridicule de donner aux bergers une imagination aussi hardie et aussi riche qu’à ceux qui ont vécu dans les villes, de leur supposer des pensées brillantes et profondes, des réflexions pompeuses et magnifiques. […] La douceur se sent mieux qu’elle ne peut s’expliquer : c’est un certain moelleux, mêlé de délicatesse et de simplicité, soit dans les pensées, soit dans les tours, soit dans les mots. […] Enfin l’idylle, comme l’églogue, constitue un poème ; or, tout poème demande un plan ; il faut ici une image, une pensée, un sentiment ou une passion qui se développe dans de justes proportions.

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