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81. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

A peine a-t-il entrevu l’objet de sa convoitise, qu’il l’atteint d’un bond, comme la panthère sa proie. […] A peine les Grecs l’ont-ils entendu, qu’ils poussent un cri, et tous, chefs et soldats, courent au rivage, rompent les amarres de leurs navires et les roulent à la mer. […] Nous, chez qui l’éloquence s’exerce à l’ombre et pour ainsi dire à huis clos, et qui ne rêvons, au sortir du collége, que des professions libérales ou des carrières administratives, nous avons peine à nous imaginer combien le spectacle public des luttes oratoires devait enflammer de bonne heure l’émulation des jeunes gens. […] C’était lui, Lundi, qui avait tout le travail et toute la peine, tandis que le Dimanche ne faisait que dépenser l’argent que les autres avaient gagné. — Cela est vrai, répondit le Dimanche, mais si je n’avais pas été hier, tu ne serais pas aujourd’hui. — Et vous, jeunes gens, si nous n’avions pas été alors, où seriez-vous aujourd’hui ? […] Vous auriez peine à vous imaginer quelle main discrète et délicate il fallait pour entreprendre de corriger les Athéniens, si vous n’aviez déjà vu combien ce peuple était susceptible.

82. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

On chercha donc à s’éviter la peine de créer sans cesse de nouveaux mots ; et, pour alléger en même temps le travail de la mémoire, on se servit d’un mot déjà adapté à une chose connue, pour en exprimer une qui ne l’était pas encore, mais qui avait avec la première une analogie sensible. […] L’esprit a trop de peine à saisir une idée principale, présentée à la fois sous tant de rapports différents36. […] Rien de plus froid qu’une chaleur factice, et c’est le défaut où tombe nécessairement l’écrivain, lorsqu’il nous laisse entrevoir les efforts qu’il fait, les peines qu’il se donne pour parler le langage d’une passion qu’il n’éprouve point, et qu’il ne peut nous faire éprouver. […] « J’ai peine à brider ma muse rétive, qui brûle de voguer dans des accords plus hardis ».

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