On accuse souvent Racine de s’être trop complu à la peinture des passions. […] Il n’y a pas de meilleur moyen de relever l’homme abattu par la passion que de faire naître dans son cœur une autre passion. […] L’intérêt en est plus vif parce que l’action vaut mieux ; il y a plus de passion et plus de feu. […] Il n’écrit bien que sous l’influence de la passion ; il n’est clair que lorsqu’il s’intéresse à ce qu’il raconte. […] Mais, malgré ces taches, que de passion vraie dans le Cid, dans Polyeucte !
Je sais ta passion, et suis ravi de voir Que tous ses mouvements cédent à ton devoir ; Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ; Que ta haute vertu répond à mon estime ; Et que voulant pour gendre un cavalier2 parfait, Je ne me trompais point au choix que j’avais fait. […] On vit pour la première fois, représenté avec dignité et avec charme, le combat des passions entre elles et du devoir contre les passions.