Monseigneur, à cette heure que je suis loin de votre altesse, je suis résolu de lui dire tout ce que je pense d’elle il y a longtemps, et que je n’avais osé lui déclarer, pour ne pas tomber dans les inconvénients où j’avais vu ceux qui avaient pris avec vous de pareilles libertés. […] A dire la vérité, monseigneur, je ne sais à quoi vous avez pensé : et ç’a été, sans mentir, trop de hardiesse, et une extrême violence à vous d’avoir, à votre âge, choqué deux ou trois vieux capitaines que vous deviez respecter, quand ce n’eût été que pour leur ancienneté ; fait tuer le pauvre comte de Fontaine, qui était un des meilleurs hommes de Flandre, et à qui le prince d’Orange n’avait jamais osé toucher ; pris seize pièces de canon qui appartenaient à un prince qui est oncle du roi et frère de la reine4, avec qui vous n’aviez jamais eu de différend ; et mis en désordre les meilleures troupes des Espagnols, qui vous avaient laissé passer avec tant de bonté.
J’ose le dire, grand prince, si vous nous pardonnez, nous devrons notre salut à votre indulgence ; mais vous devrez à notre offense l’éclat d’une gloire nouvelle ; nous vous aurons, par notre attentat, préparé une couronne plus brillante que celle dont Gratien a orné votre tête : vous ne la tiendrez que de votre vertu. […] Chacun attendait à quel excès il se porterait et ce qu’il oserait faire, lorsque tout à coup il a ordonné qu’on amène Gavius, qu’on le dépouille, qu’on l’attache au poteau, et qu’on apprête les verges. […] tu as osé, Verrès, tu as osé mettre en. […] Les bourreaux interdits n’osent plus approcher ; Ils jettent en tremblant le feu sur le bûcher, Ils détournent la tête. […] L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie ; l’autre jette d’abord une si vive lumière, qu’elle n’osait l’attaquer.