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49. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Mais cette magnificence était si éloignée de la sobriété et de la modestie du style oratoire, que la plus téméraire poésie, et la plus prodigue des biens qu’il faut ménager, ne saurait rien concevoir de plus déréglé. […] L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. »

50. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Les sermons anglais, ainsi que Blair nous l’apprend lui-même, sont en général extrêmement froids ; les prédicateurs cherchent moins à persuader par la force de leur éloquence, qu’à convaincre par l’évidence de leurs raisonnements ; et leurs discours sont moins des compositions du genre oratoire que des dissertations de logique et de morale. […] Ce sont de méprisables efforts pour embellir de telles pensées, et leur donner une solidité spécieuse, qui trop souvent ont avili l’art oratoire, et l’ont placé bien au-dessous de son véritable objet. […] Parmi ceux qui liront cet ouvrage, les uns se proposent de se livrer à l’étude de la composition, ou au débit oratoire, à cause de la profession à laquelle ils se destinent ; d’autres ne veulent que perfectionner leur goût dans l’art d’écrire et de parler, et acquérir des connaissances qui les rendent capables de devenir bons juges dans cette partie de la littérature appelée belles-lettres. […] Quoique, dans le discours ordinaire, comme je viens de l’observer, nos genres établissent la différence qui existe réellement entre les sexes, le génie de notre langue nous permet cependant de mettre, par métaphore, au masculin ou au féminin les noms des objets inanimés, toutes les fois que nous croyons qu’il en pourra résulter un plus bel effet oratoire ; et, lorsque nous en usons ainsi, nous sommes censés abandonner le style ordinaire pour employer le style figuré. […] C’est la manière d’écrire la plus brillante et la plus harmonieuse, c’est celle qui convient le mieux à l’art oratoire.

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