C’est ainsi que Salluste, continue-t-il, me donne une grande opinion de Catilina, par le portrait qu’il en fait à l’entrée de son histoire. […] Quinte-Curce, qui, suivant l’opinion la plus probable, vivait à la fin du premier siècle de l’ère chrétienne, avait composé l’Histoire d’Alexandre-le-Grand en dix livres.
C’est elle qui donne des pensées uniformes aux hommes les plus jaloux et les plus irréconciliables entre eux ; c’est elle par qui les hommes de tous les siècles et de tous les pays sont comme enchaînés autour d’un certain centre immobile, et qui les tient unis par certaines règles invariables, qu’on nomme les premiers principes, malgré les variations infinies d’opinions qui naissent en eux de eurs passions, de leurs distractions et de leurs caprices, pour tous leurs autres jugements moins clairs. […] Si la politesse et la discrétion, nécessaires pour le repos de la société, demandent que les hommes se tolèrent mutuellement dans la variété d’opinions où ils se trouvent pour les choses les plus importantes à la vie humaine, à plus forte raison doivent-ils se tolérer sans-peine sur ce qui importe très-peu à la sûreté du genre humain3.