Turenne et Condé offraient à l’historien des points de rapport et des termes de comparaison que l’orateur a dû saisir, et qui se trouvent nécessairement dans l’éloge de ces grands hommes. […] La modestie qui distinguait Turenne et Condé, comme elle distingue, en général, tous les hommes véritablement supérieurs, offrait aux panégyristes un contraste qu’ils ont saisi tous les trois avec habileté.
Que sera-ce donc, si l’on prend la peine de réfléchir que ce que nous venons d’offrir au lecteur, n’est que la traduction de la version latine faite sur le grec des Septante, et qu’il y a aussi loin du grec à l’hébreu, sous le rapport de la force des mots et de l’énergie des images, qu’il y a loin de notre français au grec d’Homère ou de Démosthène ? […] Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.