Préface. L a nécessité d’une Rhétorique élémentaire est généralement sentie de tous ceux qui enseignent les belles-lettres dans les colléges. Il n’est point de professeur à qui l’expérience n’ait prouvé qu’un abrégé de préceptes précis, clair et méthodique, où les vrais principes de la composition seraient présentés avec simplicité et mis à la portée des esprits ordinaires, offrirait aux élèves de précieux avantages. Depuis que je professe la rhétorique, et déjà il y a plusieurs années, je cherche un pareil livre, et jusqu’ici je l’ai cherché en vain. Les chefs qui ont gouverné successivement l’Université ont remarqué qu’il manquait à l’enseignement et manifesté le désir qu’ils avaient de voir quelqu’un se charger de le rédiger.
Le peuple sans doute ne connaît ni les pieds ni les nombres ; il ne saurait dire comment ni pourquoi son oreille est blessée ; mais la nature a mis en nous la juste mesure des longues et des brèves, comme celle des tons graves et des tons aigus, et nous en jugeons par sentiment. » Denys d’Halicarnasse, dans son traité de l’arrangement des mots, c. 11, a développé ainsi l’observation de Cicéron129 : « Dans nos immenses théâtres, où se rassemble de toutes parts une foule ignorante, j’ai cru me convaincre que nous avons le sentiment inné de la mélodie et de la cadence ; j’ai vu de fameux joueurs de cithare hués par la multitude, pour avoir manqué une note et troublé la mesure ; j’ai vu tel joueur de flûte, non moins habile dans son art, également sifflé pour avoir mal ménagé son haleine et fait entendre des sons durs et discordants.