C’est par un artifice ingénieux que l’on est parvenu â ce but ; je veux dire, par l’invention de cette partie du discours nommée article. […] Les pronoms, comme le nom l’indique, servent à représenter des noms ; ils ne sont que des moyens abrégés de nommer les personnes ou les objets avec lesquels nous avons des relations directes et auxquels nous sommes fréquemment obligés de nous référer dans le discours : ils sont donc sujets aux mêmes modifications de nombre, de genre et de cas, que les noms substantifs. […] C’est une interpellation faite à une personne réelle, mais qui est absente ou morte ; on s’adresse à elle comme si elle était présente et écoutait le discours ; elle a tant d’affinité avec la prosopopée, que cette dernière figure est nommée habituellement apostrophe. […] Ce que nous nommons ainsi n’est que l’art tourné en habitude, puisqu’il n’y a de vraiment naturel que ce que nous tenons de la nature ; or, la nature n’a pas fait telle ou telle habitude, elle nous y prépare et nous y dispose seulement. […] À Rome, le préteur, qui était le véritable juge dans les affaires civiles et criminelles, nommait, pour toutes les causes importantes, les selecti judices, comme on les appelait, qui étaient toujours nombreux, et qui remplissaient les fonctions et réunissaient les pouvoirs de juge et de juré.
On voit que la pensée ne diffère guère de ce qu’on nomme en logique jugement, judicium ou sententia.