Toutes les circonstances en sont décrites de la manière la plus sensible et la plus propre à nous émouvoir : ce roi chargé d’années, qui revêt son armure quand on lui annonce que l’ennemi est maître de la ville ; la rencontre des membres de sa famille, qui vont se réfugier au pied d’un autel élevé au centre du palais, et contraignent l’auguste vieillard, malgré sa bouillante ardeur, à se réfugier avec eux dans cet asile sacré ; l’indignation de ce roi à la vue de Pyrrhus qui égorge l’un de ses fils ; le trait qu’il lui lance d’une main faible et tremblante ; la brutale fureur de Pyrrhus ; la manière dont il massacre ce vénérable vieillard : tous ces traits sont peints avec un talent inimitable. […] Venez donc auprès de nous ; cet autel nous protégera tous, ou nous mourrons ensemble. » (Nous laissons aux maîtres le soin de faire remarquer les principales beautés de ce passage, que la meilleure traduction ne saurait reproduire.) […] De là une construction purement arbitraire où l’on voit des adverbes éloignés des mots qu’ils modifient, des prépositions séparées de leurs compléments, des conjonctions renvoyées à la fin du vers, quand elles devraient être au commencement, des adjectifs placés le plus souvent après leurs substantifs, et séparés d’eux par un grand intervalle ; il en résulte une grande incohérence dans les mots et dans les idées, et une confusion telle, que l’écolier lui-même ne peut s’y reconnaître, et que le maître ne saurait y voir qu’une suite d’absurdités et de bêtises.
Il n’en est pas moins vrai pourtant que si le maître de philosophie est un personnage burlesque, ce qu’il dit n’a rien de ridicule73. […] Tout ce que dit le maître de philosophie est textuellement extrait d’un ouvrage de Galeoti, mort en 1478, et surtout du livre de Cordemoy, de l’Académie française, intitulé Discours physique de la parole.