Le mérite de l’écrivain n’aurait rien d’extraordinaire si l’on pouvait donner une méthode infaillible pour bien composer. […] Ce mérite est beaucoup plus rare dans les écrivains de nos jours. […] Le mérite des bons écrivains consiste à changer de style selon le sujet qu’ils traitent. […] La simplicité fait aussi le mérite des vers suivants, où M. […] Témoignez une joie sincère, appuyez délicatement sur le mérite auquel on n’a fait que rendre justice.
Cette célèbre tournure, si heureusement employée pour adoucir ce que la chose pouvait avoir d’odieux, appartient à l’orateur Lysias, qui, le premier, en avait fait usage dans un plaidoyer sur le meurtre d’Ératosthène ; ce qui ne diminue en rien le mérite de Cicéron, et prouve seulement avec quel succès il savait imiter ceux que sa modestie appelle si fréquemment ses maîtres, dans ses ouvrages sur la rhétorique. […] Plus riche d’ornements oratoires, elle est bien moins forte en raisonnements ; et les plus belles figures, les mouvements les plus heureux, n’en trahissent que plus les efforts de l’orateur, qui s’est trop avancé en s’engageant à démontrer à la fois la légitimité, le mérite et la gloire même du meurtre de Clodius ; car l’on pouvait dire à Cicéron : que Milon se soit défendu quand on l’attaquait, rien de plus juste ; que l’agresseur ait succombé, rien de mieux encore : mais parce que Clodius est un homme dangereux, s’ensuit-il que le droit de le tuer appartienne au premier citoyen qui voudra s’en saisir, pour venger des injures personnelles ? […] Il n’en est pas ainsi de la péroraison : elle passe généralement pour la plus belle que Cicéron ait faite : et il y a d’autant plus de mérite à avoir si bien réussi, que le caractère et la conduite de l’accusé rendaient cette partie du discours plus difficile à traiter.