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54. (1854) Éléments de rhétorique française

Dans cette classe de passions rentrent l'amour qu’une mère éprouve pour ses enfants, la tendresse respectueuse que nous ressentons pour les auteurs de nos jours, l’affection qui unit des enfants issus du même sang et nourris du même lait, l’amitié, contrat sacré qui nous lie pour la vie, la sainte indignation dont notre cœur est saisi à la vue d’une action basse et intéressée, la pitié religieuse que nous inspire le malheur, et cet enthousiasme qui fait battre notre cœur au récit d’un grand sacrifice ou d’une action héroïque. […] Elle, que j’avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir à la reine sa mère, devait être sitôt après le sujet d’un discours semblable, et ma triste voix était réservée à ce déplorable ministère ! […] ta pauvre mère m’avait tant promis que tu lui ressemblerais ! […] j’y verrai notre malheureuse mère, noyée dans les larmes et expirant de douleur... […] Il faut surtout qu’ils nourrissent leur âme de croyances religieuses : qu’ils s’élèvent jusqu’à l’idée d’un être immatériel, immuable, infini ; qu’ils méditent sur cette source éternelle de beauté, de justice, d’amour et d’intelligence ; sur cette cause suprême qui a créé la lumière, la raison des sages, l’âme des héros et le cœur des mères.

55. (1873) Principes de rhétorique française

Aussi barbare époux qu’impitoyable père, Venez, si vous l’osez, la ravir à sa mère : Alors, elle s’arrête épuisée de colère et de douleur ; le comble du pathétique est atteint ; un mot de plus serait froid et détruirait l’effet. […] Elle que j’avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir à la reine, sa mère, devait être sitôt le sujet d’un discours semblable, et ma triste voix était réservée à ce déplorable ministère ! […] On dit qu’il est juste de faire périr une femme qui a tué son mari, qu’il est juste qu’un fils venge le meurtre de son père, et l’on absout Oreste sans se demander s’il est juste qu’un fils assassine sa mère. […] Vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnés. […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains.

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