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137. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Si un individu était abandonné à lui-même, le progrès de ses facultés morales serait presque insensible ; car ce que nous appelons la raison humaine n’est pas tant le résultat des efforts ou de l’habileté d’un seul, que ce que peut produire l’intelligence de plusieurs, sans cesse enrichie des lumières que nous nous communiquons mutuellement par le discours et par l’écriture. […] Porté à son plus haut point de perfection, il est incontestablement le résultat de la nature et de l’art ; il suppose que ce sentiment naturel de la beauté est augmenté par l’attention que nous portons sans cesse aux objets les plus beaux, et en même temps guidé par les lumières de notre intelligence. […] Le goût est en quelque sorte une faculté mixte, composée, en proportions diverses, des lumières de l’intelligence et des mouvements de la sensibilité. […] Mettez à la place ce qu’on appelle communément le style sublime : « L’arbitre souverain du monde, d’un seul mot de sa toute-puissance, commanda que la lumière éclairât la nature, » et, comme l’a judicieusement observé Boileau, le style s’élève, mais la pensée tombe. […] « Mais, Dieu soit loué, son orgueil surpasse son ignorance, et ce qui lui manque de lumières, il y supplée par sa suffisance.

138. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

L’œil ardent réunit des faisceaux de lumière ; Deux noirs sourcils en arc protègent sa paupière, Et la lèvre, où s’empreint la rougeur du corail, De la blancheur des dents relève encore l’émail.

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