Voici comment Boileau lui-même apprécie son propre mérite littéraire : Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces, Sont recherchés du peuple et reçus chez les princes ? […] « Voyez comme sa vie littéraire est bien conduite : il déclare sa mission par ses Satires, sa compétence par l’Art poétique, sa supériorité par le Lutrin. […] N’est-ce pas là toute la vie littéraire de Boileau » — en ajoutant les Épîtres ; — « et cette vie ne présente-t-elle pas une admirable progression ? A trente-six ans la mission de Boileau était remplie, son autorité littéraire était établie sur des titres incontestables : il ne fit plus que l’exercer. […] Dans sa vie littéraire, Boileau a les plus grands traits de ressemblance avec Horace.
Guénard : production d’autant plus précieuse, qu’elle doit faire époque dans notre histoire littéraire, et que c’est la dernière barrière opposée par le talent et le courage aux invasions dont le mauvais goût et le mauvais esprit menaçaient déjà les lettres et les mœurs109. […] On ne saurait trop regretter, avec M. le cardinal Maury, que l’écrivain, beaucoup trop resserré dans les bornes d’une demi-heure de lecture, ne les ait pas franchies, au lieu de sacrifier son sujet à cette loi du concours, et qu’il se soit réduit à une ébauche, en appliquant uniquement les rapports de l’esprit philosophique à la religion, à l’éloquence et à la poésie, tandis qu’il aurait dû en étendre les effets à l’agriculture, aux beaux-arts, à l’administration, à la société, enfin à tous les autres objets scientifiques, moraux, politiques, littéraires, etc., sur lesquels s’exerce visiblement son influence. […] Je ne ferai aucune remarque sur les beautés de détail, qui étincellent en foule dans cette étonnante production : elles sont de nature à frapper tous les yeux, à parler à toutes les âmes, et n’appartiennent en rien à la critique littéraire.