Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous la loi, Remplir les bons d’amour, et les méchants d’effroi ; Joignez à ces vertus celles d’un capitaine : Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille ; Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait, Expliquant à ses yeux vos leçons par l’effet1. […] Nous adoptons de préférence l’autre leçon ; car on y sent l’ironie envieuse d’un orgueil blessé au vif. […] Vous aussi, magistrats, c’est lui qui tant de fois Entoura de respect l’autorité des lois : Venez, généreux fils, en qui l’affront d’un père Ferait encor du Cîd bouillonner la colère ; Pour les lui présenter, Rodrigue attend vos dons : Vous qui, les yeux en pleurs à ses nobles leçons, Sentez de pardonner la magnanime envie, Rois, à lui rendre hommage Auguste vous convie ; Et vous, guerriers, et vous, qui trouvez des appas Dans ce bruit glorieux que laisse un beau trépas.
On croirait, à vous voir, dans vos libres caprices, Discourir en Caton des vertus et des vices, Décider du mérité et du prix des auteurs Et faire impunément la leçon aux docteurs, Qu’étant seul à couvert des traits de la satire, Vous avez tout pouvoir de parler et d’écrire. […] ……………………………………………………………………………………… La satire en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l’utile2 Et, d’un vers qu’elle épure aux rayons du bon sens 3 Détromper les esprits des erreurs de leur temps.