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98. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Non content d’offrir à nos yeux d’admirables compositions dramatiques, le grand Corneille exposa le premier, dans un parfait langage, les règles de l’art où il a excellé. […] Vous reconnaissez le langage de saint Paul200. […] Aucun n’a parlé aux passions un langage plus propre à les captiver et à les soumettre : aucun n’a mieux connu le cœur humain et ne l’a peint avec plus d’éloquence. […] Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse338. […] Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles : ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions.

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre III. Éloges de Pompée et de César, par Cicéron. »

Nous le demanderons maintenant à ceux qui ont fait à Cicéron un crime des louanges données à César : n’est-ce pas là le langage d’un homme également sensible aux vertus de César et aux intérêts de la patrie, et qui rend justice à l’un, mais qui aime l’autre ; qui, en louant l’usurpateur de l’usage qu’il fait de sa puissance, l’avertit que son premier devoir est de la soumettre aux lois ? […] Laissez-donc ce langage aux philosophes qui ont mis leur gloire à mépriser la mort : cette sagesse ne doit point être la vôtre ; elle coûterait trop cher à la republique.

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