La comparaison ne doit pas non plus être triviale, telle que celle d’un héros et d’un lion, d’une personne désolée à une fleur qui penche sa tête, et autres semblables, qui d’abord sans doute offraient des images agréables, mais qui, transmises d’âge en âge par droits héréditaires, et employées par tous les auteurs, sont trop connues pour faire une impression flatteuse : c’est la pierre de touche qui peut nous servir à distinguer le vrai génie. […] Mais lorsque son adversaire l’avait échauffé en le réfutant, et croyait l’avoir terrassé, tout à coup il se relevait avec une force effrayante ; on croyait voir l’Ulysse d’Homère provoqué par Irus, déployer son manteau de pauvre, et dépouiller la stature imposante, les membres nerveux d’un héros. […] Démosthène, pour justifier le malheureux combat de Chéronée, évoque les mânes de ces héros qui succombèrent dans la bataille de Marathon et de Platée, et jure par eux que ses concitoyens ont fait tous leurs efforts pour soutenir la même cause.
Quand Homère a dit, en parlant d’Achille : Ce lion s’élance, il a fait une métaphore, parce qu’il a appliqué à ce héros l’idée d’un mot qui ne lui convient que sous une comparaison.