Blair vécut dans un âge très avancé ; il eut le malheur de survivre aux objets de ses affections les plus chères : il perdit une fille de vingt et un ans ; et, quelques années après, il eut à pleurer la mort de son épouse, à laquelle les liens du sang l’unissaient déjà : elle était fille de James Banatine, ministre d’Édimbourg. […] « Dans cette situation pénible de sa vie publique et privée, Cicéron fut encore accablé d’une nouvelle douleur, celle que lui causa la mort de sa fille Tullie, qu’il aimait tendrement ; elle ne vécut pas longtemps après son divorce avec Dolabella, dont le caractère était entièrement opposé au sien. » Le principal sujet de cette phrase est la mort de Tullie, cause de l’affliction de son père ; l’époque de cette mort, qui arriva peu de temps après le divorce de Tullie avec Dolabella, peut encore être mentionnée dans la phrase, mais ce que l’on ajoute du caractère de Dolabella est étranger à la première proposition, et rompt l’unité de la période entière, en plaçant une nouvelle image sous les yeux du lecteur.
Il faut aussi remarquer que toutes les idées qui ont quelque chose de solennel et de terrible favorisent beaucoup le sublime : par exemple, les ténèbres, la solitude, le silence ; un torrent qui se précipite en blanchissant d’écume, offre une idée grande ; si vous le placez au milieu d’une forêt, fille des siècles, et que vous l’aperceviez dans l’obscurité de la nuit, la scène devient terrible et sublime : le bruit d’un vaste bourdon, le son d’une énorme horloge, ont toujours de la grandeur ; mais, si on les entend au milieu du silence et du calme de la nuit, ils acquièrent un plus haut degré de solennité. […] L’éloquence est fille de la liberté, elle fuit le despotisme. […] Dans l’affaire Montboissier, où le père refusait de reconnaître deux de ses filles, il plaida avec une force et une chaleur entraînante.