Ainsi, quand tu fonds sur mon âme, Enthousiasme, aigle vainqueur, Au bruit de tes ailes de flamme, Je frémis d’une sainte horreur ; Je me débats sous ta puissance, Je fuis, je crains que ta présence N’anéantisse un cœur mortel, Comme un feu que la foudre allume, Qui ne s’éteint plus, et consume Le bûcher, le temple et l’autel. […] La foudre en mes veines circule : Étonné du feu qui me brûle, Je l’irrite en le combattant, Et la lave de mon génie Déborde en torrents d’harmonie, Et me consume en s’échappant1. […] Mais au sort des humains la nature insensible Sur leurs débris épars suivra son cours paisible : Demain, la douce aurore, en se levant sur eux, Dans leur acier sanglant réfléchira ses feux ; Le fleuve lavera sa rive ensanglantée ; Les vents balayeront leur poussière infectée, Et le sol, engraissé de leurs restes fumants, Cachera sous des fleurs leurs pâles ossements1.
Restes d’Israël, passez à la droite ; froment de Jésus-Christ, démêlez-vous de cette paille destinée au feu : ô Dieu ! […] Je vous représenterois ce fidèle sujet marchant sur les traces de son maître, qui étaient des pas de géant, et le surpassant par la nouvelle ardeur que lui inspirait l’exemple de ce monarque ; vous le verriez dans un corps usé de travaux, rallumant tout le feu de ses premières années, combattre à la tête de nos troupes, défaire les trois formidables armées de l’Empereur, de l’Espagne et de la Hollande ; partout s’immolant et se sacrifiant ; mais partout triomphant, et remplissant la mesure de cette glorieuse réputation qu’il faisait à la France Mais un objet plus intéressant m’oblige de me taire sur ses triomphes profanes, pour ne parler que de ses victoires sacrées ».