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37. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

L’inspiration est une émotion profonde et momentanée de l’âme, une vive exaltation du sentiment et de l’intelligence ; c’est le feu sacré, le souffle de Dieu qui vient parfois électriser un mortel ; c’est un don du ciel qui n’est accordé qu’à des natures d’élite. […] Ainsi, quand tu fonds sur mon âme, Enthousiasme, aigle vainqueur, Au bruit de tes ailes de flamme Je frémis d’une sainte horreur ; Je me débats sous ta puissance, Je fuis, je crains que ta présence N’anéantisse un cœur mortel ; Comme un feu que la foudre allume, Qui ne s’éteint plus, et consume Le bûcher, le temple et l’autel. […] La foudre en mes veines circule ; Étonné du feu qui me brûle, Je l’irrite en le combattant, Et la lave de mon génie Déborde en torrents d’harmonie, Et me consume en s’échappant.

38. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Le premier a plus de sentiment, plus de délicatesse ; le second plus de feu, plus de saillie. […] Voici un très beau rondeau d’Adam Billaut, menuisier de Nevers, qui sans aucune littérature, devint poète dans sa boutique, et dont les poésies, qui roulent toutes sur le vin, sont pleines de verve et de feu : Pour te guérir de cette sciatique, Qui te retient comme un paralytique Entre deux draps sans aucun mouvement. […] Il semble qu’au gré de nos vœux Le feu des plaisirs se rallume : À l’ombre d’un myrte amoureux Hébé174 couronne ses cheveux, La jeune Flore175 les parfume. […] quels feux étincelants !

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