Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Apprenons toutefois que le fils de Latone, Dont nous suivons la cour, Ne nous vend qu’à ce prix ces traits de vive flamme, Et ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour.
Je lui disais parfois : monsieur Perrin Dandin, Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin : Qui veut voyager loin ménage sa monture2 ; Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure3. […] Les éléments, le feu, l’air, et la terre, et l’eau, Enfoncés, entassés, ne faisaient qu’un monceau, Une confusion, une masse sans forme, Un désordre, un chaos, une cohue énorme : Unus erat toto naturœ vultus in orbe Quem Grœci dixere chaos, rudis indigestaque moles 3.