Boileau emploie une élégante périphrase pour dire qu’il a une perruque et cinquante-huit ans passés : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blancs déjà toute chenue, A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants, Onze lustres complets, surchargés de trois ans… Casimir Delavigne, voulant parler d’un fiacre, dit : Visitez donc les grands, durement cahoté Sur les nobles coussins d’un char numéroté ! […] La métaphore est défectueuse quand elle est forcée, fausse dans son point de comparaison, ou tirée d’objets qui répugnent ; telles sont les métaphores suivantes : Prends la foudre, Louis, et va comme un lion, Porter le dernier coup à la dernière tête De la rébellion. […] Elle ne doit outrer la vérité que jusqu’à une certaine mesure, afin que le lecteur puisse y faire la part du vrai et du faux. […] Il faut d’abord éviter ce qui est faux, soit dans la pensée, soit dans le sentiment. Les romans de mademoiselle de Scudéry et le langage de l’hôtel de Rambouillet avaient un côté faux, que Molière a finement critiqué dans les Précieuses ridicules.
Dans celui qui m’occupe, après avoir lu bien des anciens et des modernes, je me suis aperçu que ceux-ci suivaient presque toujours ceux-là, et que, lorsqu’ils s’en écartaient, le plus souvent ils faisaient fausse route. […] Assurément je ne m’inscris pas en faux contre la doctrine du progrès humanitaire, mais je pense que la voie en est longue, embarrassée, sinueuse, se dérobant parfois à notre vue bornée ; je pense qu’à chaque époque l’humanité avance, recule, s’arrête avant de reprendre sa course, d’après une loi générale, que j’ai désignée ailleurs1 par les noms d’action, de réaction et de transaction.