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141. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Il est peu d’écrivains qui aient été jugés avec plus de sévérité, ou exaltés avec plus d’enthousiasme que M. de La Harpe ; et l’exagération a été aussi odieuse d’un côté que ridiculement affectée de l’autre ; en sorte que l’on peut dire de lui que le zèle indiscret de ses amis n’a pas moins contribué à troubler son repos, que l’acharnement de ses ennemis. […] Il faut convenir que tout le tort n’était pas ici du côté de ses ennemis ; et que le ton d’aigreur, et l’affectation de supériorité qui perçaient toujours dans ces sortes d’ouvrages ; que le choix même des sujets, abandonné le plus souvent à la disposition des concurrents, indiquaient dans M. de La Harpe celui de tous les égoïsmes que l’on pardonne le moins, l’habitude et l’exagération de la plainte, qui supposent la conviction intime d’une supériorité de mérite, que l’on pardonne bien moins encore. […] Combien il admira ces traits, ces caractères, Ces âmes de héros si tendres et si fières ; Ces tableaux tour à tour et touchants et pompeux ; Leur accord, leur contraste également heureux : Du féroce Aladin la sombre tyrannie, Et la rage d’Argant dans le sang assouvie ; Ce superbe sultan qui, seul et détrôné, Vers le ciel ennemi lève un front indigné ; Et Renaud, si brillant dans sa fougue indocile, La foudre de la guerre et le rival d’Achille !

142. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Ce sentiment divin, se répandant partout, réunira les nations ennemies ; l’homme ne craindra plus l’aspect de l’homme ; le fer homicide n’armera plus sa main, le feu dévorant de la guerre ne fera plus tarir la source des générations ; l’espèce humaine, maintenant affaiblie, mutilée, moissonnée dans sa fleur, germera de nouveau et se multipliera sans nombre ; la nature, accablée sous le poids des fléaux, stérile, abandonnée, reprendra bientôt avec une nouvelle vie son ancienne fécondité ; et nous, Dieu bienfaiteur, nous la seconderons, nous la cultiverons, nous l’observerons sans cesse, pour vous offrir à chaque instant un nouveau tribut de reconnaissance et d’admiration2 L’oiseau-mouche De tous les êtres animés1, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. […] Au reste, il n’a que ce fier ennemi ; tous les autres oiseaux de guerre le respectent, et il est en paix avec toute la nature : il vit en ami plutôt qu’en roi parmi ces nombreuses peuplades d’oiseaux aquatiques, qui toutes semblent se ranger sous sa loi ; il n’est que le chef, le premier habitant d’une république tranquille, où les citoyens n’ont rien à craindre d’un maître qui ne demande qu’autant qu’il leur accorde, et ne veut que calme et liberté2. […] Or, est-il que la guerre est du tout contraire à ce que j’ay dit, et les hommes guerriers ennemis jurez de cette vie-là Ainsi est-il impossible de voir une république fleurissante en religion, justice, charité, intégrité de vie, et brief, en toutes sciences libérales et arts méchaniques, si les citoyens ne jouissent d’une paix très-haute et assurée, qui toutefois est la ruine des hommes de guerre, desquels on ne sait ny mise ny receptes, non plus que de leurs outils, quand on est en bonne paix.

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