. — figures par développement et par abréviation Le rapprochement des idées semblables ou opposées est assurément la source la plus féconde des figures du style, mais nous avons dit qu’elle n’était pas la seule ; l’écrivain peut encore donner au discours l’énergie ou l’élégance, soit en développant, soit en abrégeant l’expression de la pensée ; et pour l’amplifier comme pour la condenser, la rhétorique emploie des formes spéciales dont il est utile de connaître le nom et l’usage. […] Toute circonlocution dans le discours est-elle un défaut ? […] Enfin, on emploie souvent la périphrase uniquement pour ajouter à l’élégance du discours ; mais ici, elle m’est presque toujours suspecte. […] « Quand, dans un discours, dit avec raison Pascal, on trouve des mots répétés, et qu’essayant de les corriger, on les trouve si propres, qu’on gâterait le discours, il faut les laisser ; c’en est la marque, et c’est la part de l’envie qui est aveugle, et qui ne sait pas que cette répétition n’est pas faute en cet endroit : car il n’y a point de règle générale. » Au lieu de répéter le mot, souvent on répète l’idée, en accumulant soit des idées semblables, ce que les rhéteurs appellent expolition, soit les divers signes qui expriment la même idée, ce qu’ils nomment synonymie ou métabole. […] Pour donner plus de rapidité au discours, elle supprime un ou plusieurs mots et quelquefois même une idée.
Un homme qui a employé, selon les uns, dix ans, et selon les autres, quinze5, à ajuster les périodes de son Panégyrique, qui est un discours sur les besoins de la Grèce, était d’un secours bien faible et bien lent pour la république contre les entreprises du roi de Perse. […] On ne voit dans celui-ci que des discours fleuris et efféminés, que des périodes faites avec un travail infini pour amuser l’oreille, pendant que Démosthène émeut, échauffe et entraîne les cœurs. Il est trop vivement touché des intérêts de sa patrie pour s’amuser à tous les jeux d’esprit d’Isocrate ; c’est un raisonnement serré et pressant, ce sont les sentiments généreux d’une âme qui ne conçoit rien que de grand, c’est un discours qui croît et qui se fortifie à chaque parole par des raisons nouvelles, c’est un enchaînement de figures hardies et touchantes : vous ne sauriez le lire sans voir qu’il porte la république dans le fond de son cœur ; c’est la nature qui parle elle-même dans ses transports ; l’art est si achevé, qu’il n’y paraît point ; rien n’égala jamais sa rapidité et sa véhémence2. […] Outre les portraits que La Bruyère, Saint-Simon, d’Aguesseau et Vauvenargues nous ont laissés de Fénelon (celui de Saint-Simon doit être modifié à quelques égards), on devra lire sur lui les discours de La Harpe et de l’abbé Maury, une notice de M. […] Toutefois on s’était trop borné à louer chez lui l’onction et l’abondance, l’aménité et la mélodie, la touchante parure du discours.