Fléchier, dans son oraison funèbre de Turenne 6, veut faire voir combien il faut de prudence à un général, pour conduire ses soldats ; pour se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï ; pour se faire aimer, sans perdre un peu de l’autorité, et sans relâcher de la discipline militaire. […] ne craignent-elles point, que les ténèbres mêmes, complices de leurs horreurs, ne les exposent au grand jour ; que les voûtes et les murs ne prennent la parole pour les accuser ? […] « Tu ne peux point nier, puisque tu n’as pas craint de le dire publiquement, que tu n’aies fait planter l’instrument de son supplice dans cet endroit de la ville, qui est près du détroit, afin que celui qui se disait citoyen romain, pût du haut de cette croix jeter ses derniers regards sur l’Italie et sur sa propre maison. […] Il est craint, haï, envié, et par ceux-là même qui paraissent les plus dévoués à ses intérêts. […] Il n’est pas possible de lire ce morceau, sans être vivement ému ; et je ne crains point qu’on me reproche de l’avoir rapporté tout entier.
Pluton sort de son trône ; il pâlit et s’écrie : Il a peur que ce dieu, dans cet affreux séjour, D’un coup de son trident ne fasse entrer le jour, Et par le centre obscur de la terre ébranlée Ne fasse voir du Styx la rive désolée, Ne découvre aux vivants cet empire odieux, Abhorre des mortels et craint même des dieux. […] Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux ? […] Regardez à l’horizon lointain… Ne craignez rien, filles timides : C’est sans doute par l’onde entraîné vers les mers. […] Frappez, ne craignez rien, Coligny vous pardonne, Ma vie est peu de chose et je vous l’abandonne, J’eusse aimé mieux la perdre en combattant pour vous. […] C’est loi qui, me flattant d’une vengeance aisée, M as vingt fois en un jour à moi-même opposée ; Tantôt pour un enfant excitant mes remords, Tantôt m’éblouissant de tes riches trésors, Que j’ai craint de livrer aux flammes, au pillage.