Habile, adroit, remuant, infatigable, s’occupant de tout à la fois, même de sa fortune, mêlant les plaisirs aux affaires, aussi laborieux que dissipé, homme de cour et homme de lettres, favori de Madame de Pompadour et roi des philosophes, hôte et ami de Frédéric, flatteur des souverains qu’il encense pour assurer l’impunité à ses hardiesses, ennemi des abus plus que des vices, prêt à tout oser contre les préjugés, mais ne sachant respecter ni la religion ni les mœurs, Voltaire n’eut jamais le temps de se recueillir, et risqua de propager les réformes par la licence, ou de corrompre les esprits en voulant les affranchir. […] Vous portez en tremblant votre livre à une dame de la cour ; elle le donne à une femme de chambre qui en fait des papillotes ; et le laquais galonné qui porte la livrée du luxe insulte à votre habit, qui est la livrée de l’indigence. […] Voltaire était alors à la cour de Frédéric. […] On respecte d’ordinaire les dames dans les horreurs de la guerre ; mais le conseiller Smith et le résident Freytag, en agissant pour Frédéric, croyaient lui faire leur cour en trainant le pauvre sexe dans les boues.
Le premier était des Frondeurs, nom donné par raillerie à ceux qui étaient contre les sentiments de la cour. […] Le duc de Châtillon, qui s’y était glorieusement signalé, vint de sa part en porter les nouvelles à la cour. […] Dès que le roi en fut parti, tout ce qu’il y avait de gens de la cour le suivirent et s’entassèrent dans ce qui se trouva de carrosses et dans ce qu’il en vint aussitôt après. […] C’était moins contre le roi que contre la cour que la France demandait des garanties. […] Moment de stupeur. — Antinoüs va voir, dans la cour, si la flèche a réellement passé par les anneaux.