Si Chapelain, qui caractérise excellemment son imitation des anciens de « servile et désagréable » (Lettre à Balzac, 27 mai 1640), si Boileau, qui qualifie durement son « faste pédantesque », sont suspects, l’un d’incompétence, l’autre de mauvaise humeur, on ne mettra pas en doute l’autorité de l’écrivain qui a su le mieux, au xviie siècle, revêtir notre langue de la couleur antique, ni l’impartialité du critique qui a justifié, en les reprenant, plusieurs idées de Ronsard sur l’enrichissement de la langue par les emprunts étrangers et la formation de mots nouveaux, sur les vers mesurés, sur la rime, sur les inversions. […] Icy de cent couleurs s’esmaille la prairie, Icy la tendre vigne aux ormeaux se marie, Icy l’ombrage frais va les fueilles mouvant Errantes çà et et là sous l’haleine du vent165. […] Mais les ailes de sa muse gracieuse et fleurissante, toutes diaprées de vives couleurs, ne le portent pas si haut. […] Quand il tient une grappe en sa vigne choisie, Dont la couleur combat avec la cramoisie ! […] Souvent nous nous plaisons aux parfums, aux couleurs, Sans chercher les vertus des odorantes fleurs.
Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre5 des lois, et avec les couleurs de la justice, lorsqu’on va, pour ainsi dire, noyer des malheureux sur la6 planche même sur laquelle ils s’étaient sauvés. […] Montesquieu aime à débuter par des traits saisissants, à frapper l’imagination, à revêtir sa pensée de vives couleurs.