Cependant le spectacle du monde le plus étrange et le moins attendu se présenter à eux : de grands corps énormes qui paraissent avoir des ailes blanches2, qui volent sur la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, et qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout écaillés de fer, disposant comme ils veulent des monstres qui courent sous eux, et tenant en leurs mains des foudres dont ils terrassent tout ce qui leur résiste. […] Les citoyens d’une ville bien policée jouissent de l’ordre qui y est établi, sans songer combien il en coûte de peines à ceux qui l’établissent ou le conservent, à peu près comme tous les hommes jouissent de la régularité des mouvements célestes sans en avoir aucune connaissance ; et même, plus l’ordre d’une police ressemble par son uniformité à celui des corps célestes, plus il est insensible ; et par conséquent il est toujours d’autant plus ignoré qu’il est plus parfait. […] Entretenir perpétuellement dans une ville telle que Paris une consommation immense dont une infinité d’accidents peuvent toujours tarir quelques sources ; réprimer la tyrannie des marchands à l’égard du public, et en même temps animer leur commerce ; empêcher les usurpations mutuelles des uns sur les autres, souvent difficiles à démêler ; reconnaître dans une foule infinie tous ceux qui peuvent si aisément y cacher une industrie pernicieuse et en purger la société ; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir, et ne punir que rarement et utilement ; être présent partout sans être vu ; enfin mouvoir ou arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse, et être l’âme toujours agissante et presque inconnue de ce grand corps : voilà quelles sont en général les fonctions du magistrat de la police.
La métaphore donne du corps aux objets qui n’existent que dans l’imagination : elle exprime tout ce qui appartient à l’âme par des images sensibles ; elle nous fait comprendre, elle nous fait toucher du doigt, pour ainsi dire, les objets les plus spirituels, les plus abstraits. […] 8° On prend enfin, pour exprimer un sentiment, l’organe ou la partie du corps, qui en est considérée comme le siège. […] Nous n’avons qu’à lever les yeux en haut, nous voyons l’immensité des cieux qui sont l’ouvrage de ses mains, ces grands corps de lumière qui roulent si régulièrement et si majestueusement sur nos têtes, et auprès desquels la terre n’est qu’un atome imperceptible. […] Il a les traits réguliers, le teint beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands, pleins de feu ; les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l’épaule gauche, la taille moyenne, fine et dégagée, le corps bien proportionné et fortifié par un exercice continuel. […] Si vos ennemis se sont ralliés, s’ils ont été soutenus par un corps de troupes qui s’avançait à leur secours ; enfin, s’il a fallu recommencer tout de nouveau le combat ; et si, dans cette dernière action, j’ai perdu quelques soldats, n’est-ce pas le sort ordinaire de la guerre ?